Plénière publique
Paul O’Regan Hall, Halifax Central Library
11 mai 2016
18h30
Vieillir à l’époque d’Alzheimer: histoires de changement, de culture et de solidarités.
Annette Leibing (Université de Montréal)
De nombreuses sociétés connaissent un vieillissement sans précédent à travers le monde si bien que la maladie d’Alzheimer, avec la vieillesse comme facteur de risque le plus important, est devenue une préoccupation centrale des gouvernements, des médecins et des individus à mesure qu’ils prennent de l’âge. Les individus s’inquiètent à la fois de la prévention du déclin des facultés cognitives (il semble que, dans certains endroits, les cas de démence ont reculé ces dernières années), ainsi que du traitement des symptômes de celle qu’on a appelé la « maladie du siècle ». Comment les anthropologues peuvent-ils contribuer à cette préoccupation mondiale ? Dans cette présentation, je souhaite mettre en avant le fait que les critères de diagnostic, tels que « maladie d’Alzheimer » ne sont pas sans connotations. Ils doivent être perçus comme des façons, tenues pour acquises, de définir des subjectivités et des modes de vie. À titre d’exemple, la maladie d’Alzheimer était dans un premier temps définie comme une maladie cérébrale, tandis qu’elle a évolué plus récemment vers une condition, ce qui, comme d’autres maladies, comporte une importante composante cardiovasculaire. Par ailleurs, les critères de diagnostic ‘circulent’ à travers le monde et s’intègrent à des réalités locales (ou sont remis en question par celles-ci). J’aimerais parler de l’histoire de la maladie d’Alzheimer au Brésil, un pays que j’ai étudié durant les 25 dernières années. Le Brésil possède la sixième plus grande population de personnes âgées dans le monde et connaît une augmentation de 500% des seniors depuis les 40 dernières années (Ministère de la santé n.d.). En m’appuyant sur la recherche au Brésil, j’explorerai dans cette présentation les façons dont cette ‘nouvelle’ condition médicale transforme les pratiques clinique et quotidienne : la stigmatisation liée à la ‘folie’ a partiellement reculé et la responsabilité des soins a grandement évolué, en passant de la famille à l’institution médicale. Je conclurai cette présentation en demandant ce qu’on peut apprendre de l’histoire récente du Brésil dans un contexte canadien.
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